Monday, December 7, 2009

Andrea Chénier : Quel Trouble Inconnu Me Pénètre !



Le 6 décembre j'ai vu et entendu  "Andrea Chénier", une production qui est nouvelle à l'Opéra de Paris même si elle a été donnée dans des nombreuses villes et existe même en DVD, avant de venir amuser un certain public parisien.

Le spectacle, signée Giancarlo Del Monaco, est opulent, avec des drapeaux français agités dans tous les sens. Cette production, tout-à-fait sous-Zeffirellienne, est marquée par le fait que rien ne se passe sur scène -une fois les décors sont dévoilés [d'où la répartition : 30min du spectacle, 30min d'entracte-1, 35min du spectacle, 20min d'entracte-2, 1 heure du spectacle].  Cette absence totale d'une quelconque direction des acteurs n'est qu'un retour vers les années 80, que le Met avec Peter Gelb (heureusement) enterrent en ce moment. Le message est donc, en ce qui concerne des spectacles d'opéra, que l'Opéra National de Paris devient le nouveau temple de la ringardise mondiale. :(

Positivons et soulignons les 3 excellents chanteurs : surtout le superbe Sergei Murzaev, ensuite Micaela Carosi et bien évidemment Marcelo Alvarez -- qui impressionnent par leur volume et leur capacité de chanter le répertoire verdien [OK ici c'est du verismo, mais leur capacité de chanter les lourds rôles verdiens nous réconforte dans le sens que la relève est bien là !]

Une œuvre d'un gout assez suspect, ou tout est exagéré et non-raffiné, est dirigée par  Daniel Oren qui a avec ces mouvements exagérés contribué que ce spectacle restera inoubliable - mais pas dans le sens positif.   



Le conflit culturel se passe sur au moins 3 niveaux :

  1. Cette production arrive au moment ou en France on discute sur l'identité nationale. Ceci est de facto un débat sur l'immigration, un sujet qui sert a la droite pour récupérer les voix des sympathisants de la droite extreme.
  2. Cette production sonde le public qu'on a cru être d'un goût raffiné et d'une élégance remarquable [française], dont on rêve avant de venir en France --que l'on trouve ici et là en France-- mais décidément pas à l'ONP.
  3. Cette production est une des dernières phases de la restauration, cad. de la chasse complète de tout ce que Gérard Mortier a pu amené a l'ONP, et de nouveau éloigner le monde du théâtre de celui de l'opéra. Oui, c'est une option que la nouvelle direction artistique à Paris semble avoir adoptée et que les aficionados apparemment apprécient.
Musicalement j'ai envie de dire "tout est mieux que ça", ça met les chanteurs non-nécessairement en danger, le sujet abordé est louable mais la manière de le faire est tellement obsolète, c'est tellement un contresens de tout ce qui est la mondialisation. Son gros succès à Bastille remet en question plein de sujets en même temps.



Au final, je me suis senti pour la première fois a l'ONP que je n'y appartiens vraiment pas : tant culturellement, tant par mon (manque) d'identité nationale. Une œuvre vulgaire présentée dans la manière la plus anti-théâtrale de ce que j'ai pu voir pendant mes années a Paris.

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